Qui se cache derrière Pinko ?
“La première fois qu’on s’est rencontrés, c’était dans un train. À cette époque, Cristina avait déjà un style à part : ses cheveux étaient rasés d’un côté, rose fuchsia de l’autre…”, se souvient Pietro Negra. Aujourd’hui président d’un véritable empire, avec ses 180 boutiques dans le monde et son chiffre d’affaires de plus de 200 millions d’euros, l’Italien raconte sa vie avec la fierté et le bagou de ceux qui ont écrit leur conte de fées : “Ma mère était modiste, mon père électricien. J’ai grandi à Salsomaggiore Terme, une commune d’Émilie-Romagne, au nord de l’Italie.”
Passionné de courses automobiles, le jeune Pietro a déjà créé une collection de T-shirts pour un ami pilote de Ferrari quand il rencontre son alter ego, Cristina, au début des années 1980 : “Elle représentait une nouvelle génération de femmes, et avait capté ce besoin pressant d’un objet de mode qui soit plus expressif, éclectique et de meilleure qualité.” C’est donc à quatre mains que Pinko voit le jour, en 1986, baptisé d’après l’expression italienne pinco pallino, qui signifie “quelqu’un” : “Ce choix nous a permis d’exprimer notre vision de la mode en anticipant le concept de ‘no logo’, qui a éclos quelques années plus tard.”
La suite du roman, longue de trente ans, est une success story sans zone d’ombre. Pinko impose son style “impertinent, durable, ingénieux et imprévu”, s’entoure d’égéries internationales (Naomi Campbell, Arizona Muse, Sara Sampaio cette saison…) et élargit son panel en lançant les collections “Pinko Up” pour l’enfant, “P_Jean” pour les millennials, ou encore le it-bag “Love”… “Pour créer de belles choses, Cristina et moi avons besoin d’être entourés du beau, au sens physique et immatériel du terme. C’est aussi pour cela que nous avons choisi l’architecte italien Guido Canali pour ce projet : le bâtiment est en parfaite harmonie avec la campagne environnante, il est cerné de verdure, calme, baigné de lumière… De quoi stimuler la pensée, les idées et la créativité.”
Lieu de vie et de travail, Fidenza et son art de vivre sont comme une religion pour les Negra : “L’Émilie est un pays de grands artistes, un centre névralgique de l’automobile… mais aussi un endroit où il fait bon vivre et bien manger.” Leurs repaires pour déguster des plats locaux ? À Fidenza, la trattoria Podere San Faustino ou l’osteria di Fornio qui offre l’un des meilleurs culatello di Zibello, une spécialité de charcuterie de la région. Le week-end venu, après une balade dans la forêt du parc régional Stirone, Cristina et Pietro ne coupent pas au traditionnel apéritif en ville, avec leurs amis ou leurs deux filles, Cecilia et Caterina, respectivement directrice de la communication et directrice de la création de Pinko. Si les Negra ne vouent pas une franche passion pour les voyages, en revanche leurs deux maisons de vacances, en Sardaigne et à Forte dei Marmi, ne désemplissent pas. Ici, comme toujours chez eux, règne un vrai sens de l’hédonisme : “Je regarde rarement vers le passé. En design ou en art, par exemple, je sais apprécier la valeur culturelle d’un objet vintage, mais je préférerai toujours son pendant contemporain”, précise Pietro Negra. “J’aime me projeter dans le futur.” Qui va de l’avant…