La sémiologie à l’honneur chez Hermès, qui célébrait hier son thème annuel : "Le Sens de l'Objet". Marquée par une performance d'Olivier Saillard, cette grande fête prenait place sur les terres de l’invisible Martin Margiela, ex-directeur artistique du prêt-à-porter femme du sellier-maroquinier.

Faire sens dans l&rsquo;absence, imaginer &agrave; partir d&#39;un&nbsp;rien : tel a toujours &eacute;t&eacute; le miracle Margiela, comme&nbsp;un &eacute;cho lointain &agrave; Pascal et &agrave; sa diatribe contre le divertissement. Pos&eacute;e &agrave; la mode, qui brasse de la&nbsp;mati&egrave;re au quotidien, la question du &quot;sens de l&rsquo;objet&quot;&nbsp;d&eacute;route. Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un objet ? Mais&nbsp;surtout, comment l&#39;iconoclaste Margiela a-t-il su imaginer&nbsp;des objets de mode une fois nomm&eacute; chez&nbsp;Herm&egrave;s, en 1997&nbsp;? En six ann&eacute;es &agrave; Pantin, le designer belge a&nbsp;cr&eacute;&eacute; des gestes, une infinit&eacute; d&rsquo;attitudes que l&rsquo;on peut aujourd&rsquo;hui mimer, sans support mat&eacute;riel, pr&eacute;cis&eacute;ment. Ainsi,&nbsp;quand Pierre-Alexis Dumas propose &agrave; Martin Margiela de chapeauter sa f&ecirc;te du th&egrave;me 2017, celui-ci fait appel &agrave;&nbsp;Olivier Saillard, auteur de la performance &quot;Models never talk&quot;. Sur sc&egrave;ne, pas de v&ecirc;tements :&nbsp;l&rsquo;historien choisit des mots, des mouvements de danse. Seules les &quot;Tabi boots&quot;&nbsp;et&nbsp;les bottes cavali&egrave;res Herm&egrave;s, port&eacute;es ici par&nbsp;les muses historiques du couturier,&nbsp;appuient l&rsquo;imaginaire. Orchestr&eacute;e sur les docks d&rsquo;Anvers, dans l&rsquo;ancien entrep&ocirc;t de St-Felix&nbsp;Pakhuis, cette danse esquisse&nbsp;les grands moments du Belge en solo, mais aussi chez Herm&egrave;s : le pull&nbsp;sans couture, la ceinture gla&ccedil;on, le tricot taille 78, le sac Initiale...

"Margiela et Hermès, c'est le mariage de l'eau et du feu."

Peu connues de la jeune g&eacute;n&eacute;ration, les r&eacute;volutions men&eacute;es par Margiela chez Herm&egrave;s sautent aux yeux dans les couloirs du MoMu d&#39;Anvers, o&ugrave;&nbsp;l&#39;on d&eacute;couvre l&#39;exposition &quot;Margiela, The Hermes Years&quot;&nbsp;: &quot;C&#39;est le mariage de l&#39;eau et du feu. Oui, Martin est invisible, mais il est comme l&#39;oxyg&egrave;ne : invisible et pourtant vital. Il est une s&egrave;ve fra&icirc;che circulant dans une branche qui se d&eacute;veloppe depuis un demi-si&egrave;cle d&eacute;j&agrave;. Martin n&#39;est pas un coucou qui s&#39;installe dans le nid d&#39;Herm&egrave;s. Au contraire, il apporte une vision nouvelle de qui nous sommes.&quot;, expliquait&nbsp;Jean-Louis Dumas (alors pr&eacute;sident d&#39;Herm&egrave;s)&nbsp;&agrave; l&#39;heure&nbsp;du choix Margiela, en 1997. D&egrave;s son arriv&eacute;e, le Belge impose son style. Il&nbsp;rejette pinces, poches, boutons et&nbsp;monogrammes ;&nbsp;il pr&eacute;serve l&rsquo;exp&eacute;rimentation, mais toujours au service de l&rsquo;objet : le manteau&nbsp;anti-pluie se fait&nbsp;peignoir du soir, le porte-plaid devient porte-v&ecirc;tement, la robe tube&nbsp;s&rsquo;accommode d&rsquo;une sur-jupe, pass&eacute; minuit... Chaque cr&eacute;ation aligne une, deux, voire trois&nbsp;fonctions, pour satisfaire &quot;la Parisienne qui travaille&quot;, et lui permettre de porter ses v&ecirc;tements&nbsp;comme elle l&rsquo;entend, selon ses humeurs. &quot;Un l&eacute;ger surr&eacute;alisme en m&ecirc;me temps qu&#39;un hyperr&eacute;alisme du v&ecirc;tement&quot;&nbsp;: cette&nbsp;philosophie fait toujours sens pour Nad&egrave;ge Vanh&eacute;e-Cybulski, form&eacute;e chez Martin Margiela, et d&eacute;sormais responsable des collections Femme d&#39;Herm&egrave;s : &quot;Ce que j&#39;ai appris de Martin c&#39;est la fa&ccedil;on de travailler avec respect. Il m&#39;a r&eacute;concili&eacute;e&nbsp;avec les classiques&quot;...&nbsp;L&#39;artiste est absent, mais il&nbsp;demeure.&nbsp;

<a href="https://www.momu.be/en/tentoonstelling/margiela-de-hermes-jaren.html">&quot;Margiela, The Hermers years&quot;, jusqu&#39;au 27 ao&ucirc;t au MoMu d&#39;Anvers,&nbsp;www.momu.be.</a>

Quel est le sens de l'objet ?

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