Nouveau graphisme, nouveau site web, nouvelle programmation : à l’occasion du 5e anniversaire de la Fondation Thalie - Bruxelles, sa créatrice, Nathalie Guiot, a multiplié les initiatives, ancrant son projet dans une forte énergie dont témoignent, notamment, l’exposition de Karine Rougier et d’Alessandro Roma, fruit de leur résidence in situ. Une raison supplémentaire pour planifier un week-end à Bruxelles !

&nbsp;

&nbsp;

&nbsp;

Etablie dans une belle demeure des ann&eacute;es 1920, enti&egrave;rement repens&eacute;e par le duo d&rsquo;architectes Vanden Eeckhoudt-Creyf, la Fondation Thalie propose un calendrier semestriel d&rsquo;expositions ainsi que des d&eacute;bats, soir&eacute;es-performances, concerts de qualit&eacute;. Jusqu&rsquo;au 15 juin, les cimaises et les espaces ont &eacute;t&eacute; confi&eacute;s aux artistes Karine Rougier et Alessandro Roma. A l&rsquo;issue de sa r&eacute;sidence en mars dernier, Rougier pr&eacute;sente des peintures sur bois et un large choix d&rsquo;objets, d&rsquo;&oelig;uvres, de livres et autres sources d&rsquo;inspiration, dans une vaste et lumineuse salle reproduisant son atelier marseillais. Compos&eacute;es en r&eacute;sonance avec le th&egrave;me de la Renaissance, en cette ann&eacute;e d&rsquo;hommage au 500e anniversaire de la mort, en France, de L&eacute;onard de Vinci, ces &oelig;uvres sont impr&eacute;gn&eacute;es du geste miniaturiste, quand les grandes c&eacute;ramiques v&eacute;g&eacute;tales d&#39;Alessandro Roma convoquent la virtuosit&eacute; du mouvement de l&#39;artisan et l&#39;intensit&eacute; po&eacute;tique de l&#39;artiste, incarn&eacute;es &eacute;galement par des livres de collages r&eacute;alis&eacute;s &agrave; la main et une peinture murale. Au gr&eacute; de la circulation entre la grande salle d&rsquo;exposition, la project room, la biblioth&egrave;que, puis la boutique de la Fondation rassemblant un choix tr&egrave;s &eacute;tudi&eacute; d&rsquo;objets, le visiteur est en prise avec l&#39;univers de collectionneur qu&#39;est Nathalie Guiot, de m&ecirc;me qu&#39;il go&ucirc;te une architecture et un cadre pens&eacute;s pour mettre en relief une esth&eacute;tique raffin&eacute;e mais soucieuse de sobri&eacute;t&eacute;. Un v&eacute;ritable lieu d&#39;art, d&rsquo;&eacute;change, de vie. Rencontre avec Nathalie Guiot, Karine Rougier et Alessandro Roma.

Untitled_2018_ceramic_painted_67hx36diam_cm ©Alessandro Roma, Fondation Thalie.JPG

Untitled, Ceramica, 2017_69hx34_cm©Alessandro_Roma_Fondation Thalie.JPG

Sur le projet de la Fondation Thalie.

 
NATHALIE GUIOT&nbsp;: Mon ambition est de pouvoir faciliter la visibilit&eacute; des artistes, et ainsi leur donner acc&egrave;s &agrave; un march&eacute; qui leur permettra de continuer &agrave; travailler dans de bonnes conditions. Ma programmation convoque donc des artistes &eacute;mergents ainsi que quelques artistes &ldquo;historiques&rdquo;. La fondation ne rassemble pas uniquement des projets intramuros, elle d&eacute;veloppe &eacute;galement des &eacute;v&eacute;nements hors les murs, de nature plus soci&eacute;tale. Ainsi, L&#39;Artiste et l&#39;Europe, aborde la question de la responsabilit&eacute; de l&#39;artiste et sa voix dans ce qui nous entoure. Face &agrave; la mont&eacute;e des extr&ecirc;mes et au repli sur soi auxquels nous assistons, quel est l&#39;apport de la vision et de la po&eacute;sie de l&#39;artiste&nbsp;? Quelles perpectives&nbsp;? Comment peut-il nous &ldquo;sauver&rdquo;&nbsp;? Je travaille sur le sujet avec la Fondation Evens, bas&eacute;e &agrave; Anvers, qui dispose d&#39;une antenne &agrave; Paris. En outre, dans le cadre de Veduta, &agrave; la Biennale de Lyon (18 septembre 2019-5 janvier 2020), Jean de Loisy qui connaissait mon souhait de m&#39;impliquer diff&eacute;remment, m&#39;a propos&eacute; de pr&eacute;senter un artiste et de construire un projet avec des communaut&eacute;s de la r&eacute;gion lyonnaise. J&#39;ai &eacute;voqu&eacute; ce sujet &agrave; Lionel Est&egrave;ve, qui a r&eacute;alis&eacute; plusieurs &oelig;uvres pour la Fondation, il a &eacute;t&eacute; enthousiasm&eacute; et travaille donc avec un groupe de femmes et d&#39;enfants sur la r&eacute;alisation de marionnettes pour un spectacle qui sera montr&eacute; &agrave; la Biennale de Lyon. C&rsquo;est une approche qui associe &agrave; la fois l&rsquo;acc&egrave;s pour ces personnes &agrave; un terrain dont elles ne sont pas coutumi&egrave;res, l&#39;art contemporain et la Biennale de Lyon&nbsp;; et permet au public de l&rsquo;art contemporain de conna&icirc;tre la r&eacute;alit&eacute; de ces communaut&eacute;s fragilis&eacute;es. Parall&egrave;lement &agrave; ces projets hors sol, nous menons une programmation un peu &agrave; la mani&egrave;re d&#39;un centre d&#39;art. Nous aimons multiplier les approches et les points de vue avec la philosophie, la litt&eacute;rature, les arts visuels, la musique classique dans le cadre des tables rondes et concerts que nous organisons, et qui rassemblent des publics diff&eacute;rents.

&nbsp;

&ldquo;J&rsquo;ai souhait&eacute; revenir aux fondamentaux de l&#39;art incarn&eacute;s par l&#39;acte d&#39;&eacute;crire, de sculpter, d&rsquo;explorer les sources litt&eacute;raires, id&eacute;ologiques, historiques, et de montrer des r&eacute;alisations manuelles, allant &agrave; rebours d&#39;une d&eacute;mat&eacute;rialisation, &agrave; rebours de choses trop conceptuelles, trop s&egrave;ches... O&ugrave; parfois on ne sait plus tr&egrave;s bien o&ugrave; se situe l&#39;&oelig;uvre...&rdquo; NG

&nbsp;

Untitled_ceramica_2017_69hx34_cm©Alessandro_Roma_Fondation Thalie.JPG

Sur la nature de l&rsquo;exposition.

NATHALIE GUIOT : Ce qui m&rsquo;int&eacute;resse dans ce projet est de pouvoir inviter un artiste &agrave; reconstituer son atelier. Le lieu, sa luminosit&eacute; s&rsquo;y pr&ecirc;tent parfaitement&nbsp;: nous sommes ici dans l&rsquo;ancien espace de travail d&rsquo;un sculpteur. J&rsquo;ai d&eacute;couvert l&rsquo;atelier de Karine Rougier lors de visites propos&eacute;es dans le cadre du salon Artorama, &agrave; Marseille. Mon propos a donc consist&eacute; &agrave; demander &agrave; l&rsquo;artiste de rassembler un choix d&rsquo;&oelig;uvres et ses sources d&#39;inspiration de toutes sortes, dont des livres, que nous avons acquis et qui rejoindront ensuite la biblioth&egrave;que de la Fondation mise &agrave; disposition des visiteurs. L&rsquo;&oelig;uvre peint de Karine Rougier trace un parcours subtil des traditions vernaculaires &agrave; l&#39;art populaire, l&#39;art brut, mais int&egrave;gre &eacute;galement une iconographie ancienne. Ce format d&rsquo;exposition m&#39;a paru dynamique, le visiteur peut ainsi passer de l&rsquo;observation des &oelig;uvres &agrave; celle du mur-moodboard de l&#39;artiste, puis s&#39;installer pour un moment de lecture des livres, revues et magazines qui nourrissent son travail. J&rsquo;ai souhait&eacute; ainsi revenir aux fondamentaux de l&#39;art incarn&eacute;s par l&#39;acte d&#39;&eacute;crire, de sculpter, &agrave; la mani&egrave;re des c&eacute;ramistes &ndash; d&rsquo;o&ugrave; le choix d&rsquo;Alessandro Roma &ndash;, d&rsquo;explorer les sources litt&eacute;raires, id&eacute;ologiques, historiques, et de montrer des r&eacute;alisations manuelles, allant &agrave; rebours d&#39;une d&eacute;mat&eacute;rialisation, &agrave; rebours de choses trop conceptuelles, trop s&egrave;ches... O&ugrave; parfois on ne sait plus tr&egrave;s bien o&ugrave; se situe l&#39;&oelig;uvre. &ldquo;En m&ecirc;me temps, elle sentit la mati&egrave;re du ciel&rdquo; est un retour &agrave; la physicalit&eacute; du geste.&nbsp;

&nbsp;

KARINE ROUGIER&nbsp;: C&#39;est la premi&egrave;re fois que je montre les sources de mon travail dans une exposition, elles voisinent avec quatre &oelig;uvres, parmi l&#39;ensemble accroch&eacute;, issues de ma r&eacute;sidence &agrave; la Fondation en mars dernier. Ce sont des femmes, magiciennes et sorci&egrave;res, que j&#39;ai voulu connecter avec la terre et le c&eacute;leste. J&rsquo;ai souhait&eacute; exprimer &agrave; la fois la simplicit&eacute; et la complexit&eacute; de personnages inscrits dans des rituels, dans la fluidit&eacute; du rapport humain. En contrepoint, j&rsquo;ai rassembl&eacute; sur le mur d&#39;angle une foule de petits objets provenant de mon atelier, je l&#39;ai compos&eacute; &agrave; la mani&egrave;re d&#39;une installation qui d&eacute;montre la fascination que j&#39;&eacute;prouve pour les yeux, mais aussi les masques et le travestissement... Ainsi d&rsquo;un masque mexicain &agrave; la fois homme dot&eacute; d&#39;une moustache et femme, masque de Zorro... Mais aussi les d&eacute;s, le jaguar, une floril&egrave;ge de petites t&ecirc;tes que j&#39;ai sculpt&eacute;es dans du bois de tilleul... autant d&#39;&eacute;l&eacute;ments que l&#39;on retrouve dans mes dessins et mes peintures. Au plan technique j&#39;aime travailler l&#39;huile sur bois qui, pour moi, est aussi ais&eacute;e &agrave; manipuler que la feuille de papier.

&nbsp;

 
ALESSANDRO ROMA&nbsp;: L&#39;id&eacute;e de ce projet est de montrer que les c&eacute;ramiques viennent d&#39;un certain environnement, via les dessins, les collages rassembl&eacute;s dans les livres&nbsp;: je consid&egrave;re que je suis un peintre, j&#39;utilise la c&eacute;ramique comme une toile. J&#39;aime beaucoup manipuler ces diff&eacute;rents mat&eacute;riaux&nbsp;: travailler la surface et cr&eacute;er des formes. Ainsi, dans une pi&egrave;ce lumineuse sont r&eacute;unis mes livres de collages et dessins, ainsi que des livres qui &eacute;voquent mes sources d&#39;inspiration. Pour composer mes collages, je collectionne un grand nombre d&#39;images puis je les d&eacute;coupe pour faire na&icirc;tre de nouvelles images. Dans la pi&egrave;ce suivante sont rassembl&eacute;es des sculptures de c&eacute;ramique pos&eacute;es sur des socles qui sont partie int&eacute;grante de la sculpture. Pour ce faire, j&#39;ai simplement dessin&eacute; sur ces socles, dans le prolongement du trait de certains mouvements de la sculpture. J&#39;ai &eacute;tendu le geste sur les murs, que j&#39;ai abord&eacute;s comme une toile. Cette peinture murale cr&eacute;e ainsi le lien avec les sculptures, si bien que suivant le lieu d&rsquo;o&ugrave; on les regarde, les c&eacute;ramiques offrent plusieurs mani&egrave;res d&#39;&ecirc;tre vues, invitant &eacute;galement au toucher.

&nbsp;

&nbsp;

<a href="https://www.fondationthalie.org/fr" target="_blank">Fondation Thalie</a> 
&ldquo;En m&ecirc;me temps, elle sentit la mati&egrave;re du ciel&rdquo;, Karine Rougier et Alessandro Roma, jusqu&#39;au 15 juin. 15, rue Buchholtz, 1050 Bruxelles, ouvert du mercredi au samedi, de 14h &agrave; 18h et sur rendez-vous. 
 
La Fondation Thalie soutient Lionel Est&egrave;ve pour sa participation au programme Veduta de la <a href="http://www.labiennaledelyon.com/la-biennale-d-art-contemporain.html" target="_blank">Biennale d&#39;art contemporain de Lyon,</a> r&eacute;sidence nomade de mars &agrave; d&eacute;cembre 2019&nbsp;; &eacute;v&eacute;nements itin&eacute;rants du 18 septembre 2019 au 5 janvier 2020.

 
&nbsp;

Pourquoi il faut aller à la Fondation Thalie

Recommandé pour vous

Voyage

Le Grand Mazarin, poésie contemporaine dans un écrin historique

Industry Trends

Moon Boot et Jacquemus unissent à nouveau leurs visions en trois modèles exclusifs

Beauté

10 produits de beauté à acheter en Décembre 2025

Industry Trends

Dario Vitale quitte Versace

People

Miley Cyrus et Maxx Morando se sont fiancés

Food

Les bûches de Noël les plus spectaculaires de 2025

Industry Trends

Génération Gucci : un héritage métamorphosé sous le regard Demna

International Watch Review

Le "off" de Dubaï Watch Week : 80 marques indépendantes exposent durant 2 jours