Pionnière en France dans le domaine du mécénat et de la philanthropie : la Fondation de la Vocation, érigée en 1960 par Marcel Bleustein-Blanchet – inventeur avec Publicis de la publicité moderne –, distingue et soutient la vocation appliquée au domaine professionnel. Neuropsychiatre, boulanger, styliste de mode ou ferronnier d’art... quelque 300 métiers sont ainsi illustrés et accompagnés par la Fondation. L’Officiel Art a rencontré la fille de Marcel Bleustein-Blanchet – présidente de la Fondation de la Vocation depuis la disparition de son père (1996) –, la philosophe et essayiste Elisabeth Badinter.

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M&Eacute;C&Eacute;NAT&nbsp;- PHILANTHROPIE 
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L&rsquo;OFFICIEL ART&nbsp;: Le projet de la Fondation de la Vocation a germ&eacute; dans l&rsquo;esprit de Marcel Bleustein-Blanchet lors de son emprisonnement en Espagne (1943), lorsqu&rsquo;il tentait de gagner l&rsquo;Angleterre&nbsp;: la mission qu&rsquo;il s&rsquo;&eacute;tait donn&eacute;e va alors l&rsquo;inciter &agrave; offrir &agrave; des jeunes les moyens n&eacute;cessaires pour laisser s&rsquo;exprimer leur vocation.

ELISABETH BADINTER&nbsp;:&nbsp;Je pense qu&rsquo;au moment o&ugrave; cette id&eacute;e est apparue &agrave; mon p&egrave;re, il traversait une p&eacute;riode tragique. L&rsquo;&eacute;poque &eacute;tait tr&egrave;s sombre, et il &eacute;tait alors impossible d&rsquo;en pr&eacute;dire l&rsquo;issue. Il a song&eacute; que le temps &eacute;tait venu pour lui d&rsquo;accomplir un geste fort &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des autres. Mon p&egrave;re &eacute;tait le fils d&rsquo;une femme extr&ecirc;mement religieuse et g&eacute;n&eacute;reuse. Sa m&egrave;re fut l&rsquo;un des grands amours de sa vie. Au-del&agrave; m&ecirc;me de la notion de &ldquo;devoir&rdquo;, elle incarnait l&rsquo;altruisme, consid&eacute;rant qu&rsquo;il fallait toujours &oelig;uvrer pour autrui. Ainsi, avant la Seconde Guerre mondiale, avec trois autres familles juives russes, elle avait cr&eacute;&eacute; un asile de nuit pour les immigr&eacute;s. Elle habitait boulevard Barb&egrave;s et chaque jour elle transportait &agrave; bout de bras d&rsquo;&eacute;normes chaudrons de soupe pour nourrir ces personnes d&eacute;munies. La conviction de mon p&egrave;re est qu&rsquo;apr&egrave;s avoir &ndash; &agrave; la force du travail &ndash; cueilli les fruits de la vie, il devait agir pour les autres, et sa propre enfance a sans doute affleur&eacute;, avec le souvenir de sa m&egrave;re qui a eu sur lui une influence consid&eacute;rable. Mais il me semble, par ailleurs, qu&rsquo;il y a un lien &agrave; &eacute;tablir avec la relation &agrave; son p&egrave;re. Homme tr&egrave;s autoritaire, mon grand-p&egrave;re &eacute;tait le patriarche au sens le plus traditionnel du terme. A l&rsquo;origine d&rsquo;une lign&eacute;e de marchand de meubles, il a eu &agrave; &ldquo;affronter&rdquo; la r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;un fils de 20 ans qui, avec pour tout dipl&ocirc;me un certificat d&rsquo;&eacute;tudes, affirma &ldquo;je veux faire de la publicit&eacute;&rdquo;... Or sa r&eacute;ponse a &eacute;t&eacute;, telle que mon p&egrave;re l&rsquo;a rapport&eacute;e, &ldquo;tu vas vendre des courants d&rsquo;air, mais si tel est ton d&eacute;sir je ne veux pas l&rsquo;entraver et regretter toute ma vie de t&rsquo;avoir emp&ecirc;ch&eacute; de faire ce que tu voulais&rdquo;. Cette phrase du p&egrave;re qui, au fond, a compris, accept&eacute;, admis l&rsquo;id&eacute;e de vocation de son fils &ndash; qu&rsquo;il estimait pourtant irr&eacute;fl&eacute;chie et absurde &ndash; a fortement r&eacute;sonn&eacute; dans le projet de cr&eacute;ation de la Fondation de la Vocation.

“Les bourses que nous octroyons ne relèvent pas de la charité, nous sommes très rigoureux sur le sérieux des candidatures, ce qui ne fait qu’en renforcer la valeur.” EB

Marcel Bleustein-Blanchet &eacute;tait d&eacute;fricheur de territoires et visionnaire dans les domaines professionnels o&ugrave; il a excell&eacute;, mais en cr&eacute;ant la Fondation de la Vocation d&egrave;s 1960, il fait &eacute;galement preuve d&rsquo;une modernit&eacute; et d&rsquo;une humanit&eacute; dans un domaine plut&ocirc;t d&eacute;laiss&eacute; en cette premi&egrave;re moiti&eacute; du XXe si&egrave;cle... 

Effectivement, et je trouve cette id&eacute;e &eacute;blouissante. Mon p&egrave;re avait un principe qui a toujours pr&eacute;sid&eacute; &agrave; l&rsquo;esprit de son projet, &agrave; savoir la Fondation n&rsquo;a pas &agrave; juger de la nature des vocations. Aucun principe de hi&eacute;rarchie n&rsquo;entre en ligne de compte, que le candidat se destine &agrave; &ecirc;tre pal&eacute;ontologue ou marionnettiste&nbsp;: d&egrave;s lors que la vocation est manifeste, elle est pareillement recevable. Je dois dire que cela m&rsquo;enchante car il rejoint, plus largement, le refus d&rsquo;une hi&eacute;rarchie entre les m&eacute;tiers pour mettre en valeur la notion de vocation, c&rsquo;est-&agrave;-dire de passion, et identifier ceux qui sont destin&eacute;s &agrave; &ecirc;tre parmi les meilleurs, car lorsque l&rsquo;on aime son m&eacute;tier, on s&rsquo;y consacre pleinement, en faisant du mieux possible. A mon sens, ces personnes mues par une vocation profonde, constituent l&rsquo;aristocratie de demain&nbsp;: elles excelleront dans leurs activit&eacute;s et se placeront parmi les meilleures dans leurs disciplines. C&rsquo;est donc une &eacute;quation gagnante pour toute soci&eacute;t&eacute; qui a grand int&eacute;r&ecirc;t &agrave; encourager l&rsquo;initiative consistant &agrave; donner leur chance &agrave; ces jeunes qui accompliront leur travail avec plaisir et &eacute;nergie. Tout comme &agrave; l&rsquo;&eacute;poque de mon p&egrave;re, personne ne prenait la publicit&eacute; au s&eacute;rieux, l&rsquo;assimilant &agrave; de la propagande, la consid&eacute;rant comme un m&eacute;tier nouveau superficiel... Les jeunes qui souhaitent exercer un emploi hors cat&eacute;gorie &ndash; &eacute;quilibriste, danseur de flamenco... &ndash; ne b&eacute;n&eacute;ficient pas de l&rsquo;attention et d&rsquo;une aide &eacute;ventuelle de l&rsquo;Etat. Il est donc important de mettre en &oelig;uvre des outils pour pallier cette carence.

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L&rsquo;amplitude des disciplines concern&eacute;es (arts, sciences, litt&eacute;rature, po&eacute;sie, m&eacute;tiers du cirque, danse, mode...), l&rsquo;&acirc;ge des candidats (18 &agrave; 30 ans), et le fait qu&rsquo;il s&rsquo;adresse &agrave; tout candidat fran&ccedil;ais vivant en France ou &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger fait que ce prix est un levier assez fort&nbsp;: la diff&eacute;rence r&eacute;side dans la force du projet, donc la d&eacute;termination.

La vocation octroie &agrave; celui qui la porte une force permettant de vaincre des obstacles qui, souvent, paraissent insurmontables. Les origines sociales, culturelles et, naturellement, les situations financi&egrave;res peuvent sembler des entraves insurpassables&nbsp;: sans vouloir faire de l&rsquo;ang&eacute;lisme, l&rsquo;&eacute;nergie g&eacute;n&eacute;r&eacute;e par le projet peut &ecirc;tre une formidable force motrice. Croire en sa vocation est l&rsquo;un des outils de la r&eacute;ussite, et la Fondation est heureuse de pouvoir contribuer &agrave; la concr&eacute;tiser.

 
&ldquo;Plus que l&rsquo;argent, c&rsquo;est la reconnaissance qui donne des ailes&rdquo; avez-vous d&eacute;clar&eacute;&hellip;

Nous l&rsquo;observons apr&egrave;s chaque annonce des laur&eacute;ats et lors de la remise des prix&nbsp;: le fait d&rsquo;&ecirc;tre choisi, donc reconnu, constitue un extraordinaire moteur de confiance en soi et donc de vitalit&eacute; suppl&eacute;mentaire. C&rsquo;est la raison pour laquelle nous organisons la soir&eacute;e annuelle d&rsquo;attribution de la vingtaine de bourses dans une salle de th&eacute;&acirc;tre, de fa&ccedil;on &agrave; souligner le caract&egrave;re solennel de cette &eacute;tape. Les bourses que nous octroyons ne rel&egrave;vent pas de la charit&eacute;, nous sommes tr&egrave;s rigoureux sur le s&eacute;rieux des candidatures, ce qui ne fait qu&rsquo;en renforcer la valeur.

Ulysse Lacoste 7.png

Face &agrave; des projets de qualit&eacute;, quels sont vos crit&egrave;res de choix&thinsp;?

Je dirais que c&rsquo;est la t&eacute;nacit&eacute; qui se traduit &agrave; deux &eacute;gards. Ce que les candidats ont d&eacute;j&agrave; accompli nous d&eacute;montre la force de leur passion, et, la d&eacute;termination &agrave; poursuivre leur projet, nous informe sur l&rsquo;&eacute;nergie qu&rsquo;ils continuent de monopoliser. Un certain nombre d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments subjectifs impr&egrave;gnent nos choix, mais on t&acirc;che de garder constamment &agrave; l&rsquo;esprit ces deux crit&egrave;res.

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Force d&rsquo;engagement et optimisme sont les caract&eacute;ristiques qui ressortent des t&eacute;moignages d&rsquo;anciens laur&eacute;ats du Prix de la Vocation, tel celui d&rsquo;Allain Bougrain-Dubourg (Prix en 1969), sur Marcel Bleustein Blanchet qu&rsquo;il a c&ocirc;toy&eacute; durant de nombreuses ann&eacute;es, soulignant que pour cet homme extr&ecirc;mement puissant, il n&rsquo;y avait pas de hi&eacute;rarchie, seul l&rsquo;engagement comptait.&nbsp;

Mon p&egrave;re a toujours aim&eacute; les jeunes, il avait l&rsquo;oreille attentive, et ce jusqu&rsquo;&agrave; son dernier souffle. Il &eacute;tait convaincu que les jeunes avaient raison et qu&rsquo;il fallait les &eacute;couter, que la jeunesse, porteuse et visionnaire, correspond peut-&ecirc;tre &agrave; la p&eacute;riode la plus int&eacute;ressante de la vie. Durant mai 68, par exemple, il s&rsquo;est passionn&eacute; pour les &eacute;v&eacute;nements et les d&eacute;bats qu&rsquo;il allait &eacute;couter &agrave; la Sorbonne. Cet amour de la jeunesse, peut-&ecirc;tre aussi de &ldquo;sa&rdquo; jeunesse, le caract&eacute;risait bien. Cela n&rsquo;&eacute;tait pas si courant, qui plus est &agrave; cette &eacute;poque, de la part de quelqu&rsquo;un dans sa situation de pleine r&eacute;ussite.

La Fondation de la Vocation en chiffres :

58 ans d’existence.
1.000 candidatures par an.
20 prix de 8.000 euros.
1.561 lauréats récompensés.
18 domaines d’activités.
Plus de 300 métiers représentés.

La premi&egrave;re promotion comptait dix-sept laur&eacute;ats, aujourd&rsquo;hui, 1&nbsp;561 personnes ont b&eacute;n&eacute;fici&eacute; du Prix de la Vocation&nbsp;: quel regard portez-vous sur ce parcours&nbsp;?

Au fil des ann&eacute;es, une &eacute;volution s&rsquo;est op&eacute;r&eacute;e, un &eacute;largissement a &eacute;t&eacute; d&eacute;fini, notamment avec le Prix de l&rsquo;Esp&eacute;rance &agrave; destination de ceux que l&rsquo;on souhaitait &eacute;galement distinguer, au-del&agrave; des Prix &ldquo;classiques&rdquo;. Et cette distinction compl&eacute;mentaire fonctionne tr&egrave;s bien, ce qui est plut&ocirc;t r&eacute;confortant. Par ailleurs, il est un lieu commun qu&rsquo;il est bon de rappeler&nbsp;: la France compte de plus en plus d&rsquo;&eacute;tudiants, or l&rsquo;Etat est de plus en plus avare en aides aux jeunes apprentis et &eacute;tudiants&hellip; Nous avons beaucoup de demandes de jeunes toujours en &eacute;tude qui se destinent &agrave; une profession manuelle, du fait de la soci&eacute;t&eacute; qui encourage ou exige de ses jeunes d&rsquo;&ecirc;tre plus longtemps &ldquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;cole&rdquo; plut&ocirc;t que dans le savoir et dans le faire. Nous observons ainsi une baisse des demandes dans le domaine de l&rsquo;artisanat, comme si, au cours des ann&eacute;es, la soci&eacute;t&eacute; avait d&eacute;courag&eacute;, voire d&eacute;valoris&eacute;, les m&eacute;tiers manuels, les m&eacute;tiers d&rsquo;art. Ce qui est navrant car, l&agrave; encore, il y a une volont&eacute; d&rsquo;imposer une hi&eacute;rarchie selon laquelle le travail de la main ne vaut pas le travail du cerveau. Or, poursuivre des &eacute;tudes n&rsquo;est pas forc&eacute;ment l&rsquo;assurance d&rsquo;un &eacute;panouissement et d&rsquo;un d&rsquo;emploi. Par ailleurs, au vu des promotions des quinze derni&egrave;res ann&eacute;es, on observe une majorit&eacute; de jeunes filles, et une large moiti&eacute; de jeunes Fran&ccedil;ais issus d&rsquo;autres cultures et d&rsquo;autres pays. Cela est, &agrave; mes yeux, tr&egrave;s r&eacute;confortant car il s&rsquo;agit d&rsquo;un signe tr&egrave;s int&eacute;ressant d&rsquo;int&eacute;gration rapide. Une chance donn&eacute;e &agrave; des personnes qui en ont moins que d&rsquo;autres et qui se montrent tr&egrave;s m&eacute;ritantes. Nos choix ne se sont jamais faits sur le principe de parit&eacute; ou de quotas, mais sur la qualit&eacute; du projet et la r&eacute;elle implication du candidat.

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L&rsquo;autre sp&eacute;cificit&eacute; est le fait que la Fondation attache de l&rsquo;importance &agrave; conserver un lien avec ses anciens laur&eacute;ats, puisque, outre l&rsquo;aspect financier, la mise en relation avec le r&eacute;seau interne favorise les projets.

C&rsquo;est ce qui cr&eacute;e cette notion de famille parce qu&rsquo;effectivement, dans leur grande majorit&eacute;, les laur&eacute;ats sont rest&eacute;s fid&egrave;les &agrave; la Fondation et se montrent volontiers &agrave; l&rsquo;&eacute;coute des &eacute;ventuels besoins des jeunes laur&eacute;ats, n&rsquo;h&eacute;sitant pas &agrave; les faire b&eacute;n&eacute;ficier de leur r&eacute;seau. Par ailleurs, beaucoup de nos laur&eacute;ats participent, dans la mesure de leurs moyens, &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;une nouvelle bourse, ce qui est &agrave; la fois &eacute;l&eacute;gant et solidaire. Notre volont&eacute; de poursuivre le dialogue avec chacun des r&eacute;compens&eacute;s et, le cas &eacute;ch&eacute;ant, continuer &agrave; les aider s&rsquo;ils sont en difficult&eacute; en mettant en &oelig;uvre tous nos outils internes est une de nos sp&eacute;cificit&eacute;s.&nbsp;

Arnaud Vidal - Marionnettiste 1.jpg

Fait assez in&eacute;dit, de nombreuses personnalit&eacute;s ont &eacute;t&eacute; membres du jury&nbsp;: Fran&ccedil;oise Dolto, Raymond Aron, Marcel Pagnol, Ren&eacute; Clair... Aujourd&rsquo;hui encore vous accordez une grande importance &agrave; la qualit&eacute; du comit&eacute; de s&eacute;lection, compos&eacute; d&rsquo;une centaine de sp&eacute;cialistes, rassembl&eacute;s dans diff&eacute;rentes commissions 
qui identifient des dossiers pr&eacute;sent&eacute;s ensuite au jury.

A l&rsquo;origine, il &eacute;tait important de faire appel &agrave; des personnalit&eacute;s connues du public et reconnues comme solides dans leur domaine, auxquelles on pouvait faire confiance. A sa cr&eacute;ation, la Fondation &eacute;tait v&eacute;ritablement unique en son genre, aussi mon p&egrave;re a-t-il rencontr&eacute; beaucoup de gens qui ont accept&eacute; avec enthousiasme et g&eacute;n&eacute;rosit&eacute; de participer, la r&eacute;union du jury n&eacute;cessitant, en effet, un certain investissement en temps. Aujourd&rsquo;hui, m&ecirc;me si l&rsquo;on est sans doute plus avare de son temps et qu&rsquo;il y est un peu plus difficile de r&eacute;unir de grandes personnalit&eacute;s, nous maintenons de belles participations.&nbsp;

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Comment, dans notre soci&eacute;t&eacute; d&eacute;mat&eacute;rialis&eacute;e, faire na&icirc;tre l&rsquo;envie, la vocation, le bonheur du &ldquo;faire&rdquo;&nbsp;?

Je ne suis pas s&ucirc;re d&rsquo;avoir la r&eacute;ponse... Par ailleurs, il me semble compr&eacute;hensible que les jeunes qui, depuis si longtemps, subissent le ch&ocirc;mage, ou qui peinent &agrave; trouver un premier emploi, soient moins enclins &agrave; prendre des risques. Raison suppl&eacute;mentaire pour mettre en valeur ceux qui acceptent de prendre des risques.&nbsp;

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Au regard des grandes conversions &eacute;conomico-sociales annonc&eacute;es, comment voyez-vous l&rsquo;&eacute;volution de la Fondation dans les ann&eacute;es &agrave; venir ?

D&rsquo;importantes mutations nous sont effectivement pr&eacute;dites, mais il faut reconna&icirc;tre que personne n&rsquo;y voit clair&hellip; On peut tout de m&ecirc;me pressentir un accroissement du nombre de personnes sans emploi, la disparition de certains m&eacute;tiers et l&rsquo;amplification de l&rsquo;usage du robot en lieu et place du travail de l&rsquo;Homme. L&agrave; encore, une raison suppl&eacute;mentaire pour encourager les arts, la recherche, les artisans qui r&eacute;aliseront de leurs mains ce qu&rsquo;aucun substitut ne pourra accomplir. Et nourrir l&rsquo;espoir, pas compl&egrave;tement irr&eacute;aliste, que pr&eacute;cis&eacute;ment le talent des artisans reviendra au premier plan tout simplement parce que la machine ne saura pas faire. Une sorte d&rsquo;inversion du mouvement. En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;imagination, la sensibilit&eacute; &ndash; c&rsquo;est-&agrave;-dire au fond d&rsquo;autres vertus et d&rsquo;autres facettes de l&rsquo;&ecirc;tre humain &ndash; peuvent conna&icirc;tre une r&eacute;surgence et devenir infiniment plus importants dans notre vie &agrave; tous. Et plus d&eacute;sirables.&nbsp;

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<a href="http://fondationvocation.org" target="_blank">fondationvocation.org</a> 
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Parmi les anciens laur&eacute;ats&nbsp;: 
Daniel Templon, Allain Bougrain-Dubourg, Am&eacute;lie Nothomb, Alexis Mabille, Pascal Dusapin, Jean-Marie Laclavetine, Emmanuel Carr&egrave;re, Camille Thomas...

Parmi les parrains des vingt derni&egrave;res ann&eacute;es&nbsp;: 
Pascal Picq, Fabrice Luchini, Mohed Altrad, Thierry Marx, Francine Leca, Nicolas Hulot, Jean-Claude Casadesus, Axel Kahn, Jean Nouvel, Jean-Louis Etienne, Fran&ccedil;ois Cheng, Claude Lelouch...

Elisabeth Badinter évoque la Fondation de la Vocation

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