Cristina BanBan, l'experience du soi à part entière
L'artiste Cristina BanBan, avec ses nouvelles peintures, se révèle une fois de plus épanouie et puissante.
Comme Cristina BanBan a déclaré elle-même, elle "attaque la toile", avec ses coups de pinceau intenses, façonnant l'anatomie féminine et ses formes généreuses. Sa représentation des femmes est brute, confiante et nourrissante. Regarder les peintures de Cristina BanBan est une libération de l'objectivation. Les femmes sont présentes, véridiques, nues et sérieuses. Rien n'est sous-estimé dans le monde du pouvoir féminin de Cristina BanBan.
Mains, yeux, fesses et mamelons, il n'y a rien à cacher ou à censurer. Ce sont de vraies femmes, dans la vraie vie.
Il y a tant à dire sur l'incroyable peinture de Cristina BanBan. La technique de peinture et la palette de couleurs saisissantes de BanBan peuvent rappeler des chefs-d'œuvre historiques de Francis Bacon, Willem de Kooning ou même Les Demoiselles d'Avignon de Picasso.
Cependant, les sujets de BanBan ne posent pas, ils semblent détendus, dans leur intimité, inaperçus.
Née et élevée à Barcelone et basée à New York, les peintures de Cristina BanBan font écho au parcours de l'artiste entre sa culture espagnole voluptueuse et un style de vie new-yorkais affirmé.
Interview avec Cristina BanBan
Comment votre déménagement à New York a-t-il affecté votre pratique ?
Quelques mois après mon déménagement à New York, la pandémie a commencé. Lorsque les restrictions ont été imposées, j'ai pu passer le confinement à travailler isolément sans distraction. Cette longue période de solitude n'était pas inhabituelle pour moi. Comme beaucoup d'artistes le font souvent, je passe beaucoup de temps loin des autres, mais durant cette période précise, je suis devenu un ermite total. En conséquence, ma technique a changé, et la maturité des peintures aussi, à mon avis. Cela fait un an que je suis passé de la peinture acrylique à la peinture à l'huile, et cela a été une révélation totale pour moi.
Vos sujets sont des personnages semblant ‘divins’ extrêmement présents et surdimensionnés. Quelle est votre relation avec vos personnages ?
Je travaille avec le corps, à la fois médium et muse, car c'est mon véhicule pour raconter des histoires. Mes peintures traitent de l'intimité, des relations et de la vie quotidienne. Les formes robustes et exagérées me permettent d'accentuer certains mouvements et la gestuelle du personnage.
Les personnages de vos peintures existent-ils dans la vraie vie ou sont-ils fictifs, ou des autoportraits ?
Toutes les peintures sont profondément personnelles et résultent d'un regard introspectif. Souvent, je base mes peintures sur mes propres traits, comme dans "Dos Caras de Una Misma Moneda", ou sur des personnes proches. Un autre exemple est "Irene et Sara épluchant des pommes de terre à Greenpoint". Ce sont deux amis à moi dans leur appartement de Brooklyn. C'était une scène intime et réelle, donc pas besoin de changer les personnages ou le contexte. Dans d'autres œuvres, cependant, les personnages sont fictifs, comme dans "Acto Tercero" ou "Before the Splash".
Vous parlez de "Morriña" - une nostalgie de votre pays d'origine. Avez-vous pu rentrer chez vous pendant la pandémie ? Cela a-t-il impacté votre travail ?
J'ai passé les deux dernières années à travailler sans arrêt à New York ; ce fut une période très productive pour moi en studio. En raison des restrictions liées au covid, je n'ai pas pu visiter l'Espagne, j'avais donc le mal du pays, et ce désir se reflète dans ce nouveau corpus de travail.
Vous vous inspirez de l'histoire de l'art et de maîtres comme Pablo Picasso, mais quel artiste vivant admirez-vous le plus ?
J'admire Paula Rego, Louise Bonnet, Tal R, mon amie Cristina de Miguel, Lisa Yuskavage, Lynnette Yiadom-Boakye, Daniel Richter, Rose Wylie et George Rouy,…
Quelle est la prochaine étape pour Cristina BanBan ?
Continuez à expérimenter; continuer à travailler dur dans mon studio.
CRISTINA BANBAN, Exhibition until May 28, 2022
PERROTIN PARIS, 76 rue de Turenne, 75003 Paris
www.perrotin.com
